Parlons un peu politique togolaise, et poids des partis politiques
Sur les dix dernières années, les seules élections à avoir été réellement inclusives et très peu contestées sont les élections municipales de 2019. On peut par conséquent utiliser leurs résultats pour faire une étude comparative du poids politique des partis politiques. J’ai choisi de faire cette étude à partir de la répartition des conseillers municipaux par partis politiques. Ce choix contient deux faiblesses. La première est que la méthode de calcul du nombre de conseillers s’appuyant sur la proportionnelle au plus fort reste, il peut exister une fortes disparités entre le suffrage général et le nombre de conseillers. Je donne un exemple. Dans golfe 1, avec plus de mille voix nous n’avons pas réussi à obtenir un seul conseiller, dans golfe 3, avec un peu plus de 300, nous en avons obtenu 1. La seconde faiblesse est que plusieurs dossiers ont été rejetés par la cour suprême (9 pour le net) et le nombre élevé de dossiers rejetés peut aussi fausser la comparaison, mais on a au moins une base de comparaison acceptable.
Bref, quelles sont les leçons qu’on peut tirer de ces tableau.
1. Unir, avec ses 923 conseillers , représente plus de 60% de l’électorat. Mais attention, dans beaucoup de localités, ce parti n’a pas présenté de candidats, laissant des indépendants rafler la mise. On peut valablement imaginer que son suffrage monte à 70, 10% représentant les indépendants.
2. Les autres partis hors Unir, avec 445 conseillers, représentent 30% des conseillers, et par abus de langage, du suffrage. Mais il n’est pas dit que tous ces partis soient tous de l’ opposition dont la définition est clivante au Togo.
3. L’ANC, avec 136 conseillers, est le premier parti de l’opposition au Togo. Il représente 9% des conseillers sur le plan national et 30 % des conseillers qui reviennent à l’opposition. 9% ne suffisent pas encore pour prendre le pouvoir, et 30% de l’opposition n’en font pas un leader absolu.
4. Si la c14 avait été un parti politique, elle aurait été la seconde force politique de l’opposition du pays. Mais avec 130 conseiller, c’est une preuve palpable que l’union de l’opposition n’est pas une panacée. Même si en 2019, les partis composant le reliquat de la c14 ont largement profité de l’aura du regroupement originel, même si des militants et sympathisants du pnp ont été dupés et ont voté pour la c14 en croyant que Tchkpi était encore du mouvement, (je parle de mes observations personnelles sur le terrain) même si certains militants des partis sortis de la c14 n’ont pas compris à temps le nouveaux format, même si l’idée fortement répandue que l’union de l’opposition est la clé de l’alternance a joué en leur faveur, la stratégie n’a pas pris. L’ANC seul est quand même resté venant, même d’une courte tête. Ceux qui vendent l’idée que seule l’union de l’opposition est la solution n’ont qu’à revoir leur stratégie, surtout quand les deux tours existent pour les présidentielles.
5. Les partis de l’opposition parlementaire ont pu montrer qu’ils n’ont pas usurpé leur présence à l’assemblée nationale. (ufc 44 conseillers , (7 députés), Net 33 (3 députés) mpdd 25 (2 députés) pdp 7(1 député) Mrc 5 (1 député)) . La hiérarchie ainsi que les proportionnalités sont respectées. Ces partis meriteront toujours leurs place à l’assemblée. Quels que soient les concurrents en lice.
6. Si la c14 est considéré comme un parti, le Net est le 4ème parti de l’opposition, et fait parti des 6 partis de l’opposition ayant au minimum 20 conseillers. Il est le seul parti dans cette liste à ne pas être dirigé par un leader de la conférence nationale souveraine.
7. La répartition des conseillers par parti politique au sein de la c14 est injuste et pose le vrai problème des regroupements politiques pour participer à des élections locales et législatives. Vous y allez ensemble. Vous faites des efforts communs et à la fin, les partis s’attribuent des sièges qui ont souvent été obtenus par négociations âpres. Il m’est difficile d’imaginer un aussi grand écart entre le Psr et la Cdpa, en dehors de la gourmandise de certains partis pour les premières places, et la gentillesse du professeur Wolou, qui est tout sauf un foudre de guerre pour ces choses là. J’ai été de la coalition arc-en-ciel et je sais de quoi je parle. Juste pour donner cet exemple la. Pour moi, quand vous allez à une élection ensemble. Vous partagez par nombre égal vos résultats. Par conséquent, chaque parti de la c14 devrait obtenir 22 conseillers.
Même avec répartition actuelle, le premier parti de la c14, addi, a juste 36 conseillers. Et la cdpa 34, dépassant le Net qui a pourtant fait campagne seul, de 3 et 1 conseillers seulement.
Je m’arrête là. Dites-moi les autres leçons qu’on peut en tirer.
Mon travail en tant que homme politique est de vous informer, mais aussi de nous former. Cette pédagogie que je vous livre régulièrement devrait faire de nous de meilleurs citoyens. Politique autrement.
Formons-nous vivants.
Source:Gerry Taama